L’altermondialisme est-il à bout de souffle ?

par | 7 juin 2007 | Extrêmes gauches

Cette tribune a été publiée dans le quotidien Metro, le 7 juin 2007.

Cinquante mille personnes déferlent dans les rues de Rostock. Deux mille autonomes, aussi déchaînés que cagoulés se jettent sur les forces de l’ordre. D’un côté, les barres de fer et les pavés, de l’autre les lances à eau et les grenades lacrymogène…

L’altermondialisme affiche en apparence un dynamisme invaincu. Les bruyants bataillons militants qui contestent aujourd’hui le sommet du G8 ne sauraient cependant occulter une réalité complexe.

Près de vingt ans après son surgissement, l’altermondialisme est-il à bout de souffle ?

Dans les années 90, chacun glosait sur les mérites d’un phénomène qui s’apparentait à une authentique révolution culturelle. L’altermondialisme était perçu comme un mouvement novateur, avançant des réponses crédibles et globales à une mondialisation sans âme.

Il est vrai que la nébuleuse a parfois mis en avant des idées-forces : la taxation des mouvements de capitaux, la lutte contre les OGM, le souci écologique ou la promotion du commerce équitable.

En 2007, le tableau semble pourtant morose. Les divers Forums sociaux peinent à se montrer aussi créatifs qu’autrefois et les querelles organisationnelles prennent le pas sur le débat intellectuel.

Chacun garde en mémoire le pénible Forum de Londres en octobre 2004 qui vit des femmes voilées s’en prendre avec violence à la conception française de la laïcité. Ou sont les idées neuves quand les rivalités militantes semblent devoir l’emporter?

Pire encore : l’altermondialisme ne parvient pas à acquérir une visibilité politique propre.

En France, José Bové a réalisé aux élections présidentielles le score minimal d’1,32 % des voix. Même scénario Outre-Rhin. En dépit de leurs efforts, les courants « anti-globalisation » ne réussissent pas à se distinguer d’une gauche radicale dominée par les ex-communistes de l’Est. Un nouveau parti justement dénommé « La Gauche » vient certes d’obtenir à Brême lors des élections régionales le résultat honorable de 8,4 %, mais il s’agit d’une poussée localisée, dans un bastion traditionnel du PDS, qui recueille l’héritage de l’ancien parti communiste.

Les clameurs de Rostock ne sauraient nous abuser. On assiste chez les « alters » à un tarissement des idées, tout autant qu’à une stagnation de l’influence.

À moins de se renouveler et de trouver un second souffle, l’altermondialisme semble aujourd’hui voué à une progressive extinction.

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